"Je renais de mes cendres!"

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Déclaration

Le dimanche 10 janvier 2010, un petit groupe de huit membres se réunirent à Laval (Québec) dans le but d’échanger des réflexions sur un ensemble de questions relatives à la situation du tourisme dans le Nord, spécialement  l’axe Labadie / Cap-Haïtien / Milot / Citadelle Henry. C’était deux jours avant le désormais célèbre tremblement de terre.



État des lieux

Originaires de ce département, les membres du groupe trouvent louables les récentes décisions annoncées par les autorités concernées en vue d’un déblocage touristique dans la région. Tout en tenant compte de plusieurs imprécisions à la fois dans les déclarations officielles et dans ce que les médias ont rapporté, ils en prennent acte d’abord et proposent de féliciter les responsables au moins pour leur volonté d’agir, une fois de plus affirmée, et les encourager à aller plus loin dans l’esprit du Grand Plan de Développement Touristique. Autrement dit, ne rien négliger de l’ensemble patrimonial régional et oser des initiatives permanentes sans contourner les problèmes de base.

 

Sur la foi d’expériences personnelles, le groupe rappelle l’état lamentable des infrastructures de la ville du Cap-Haïtien et des environs. L’insalubrité y est la règle et l’impuissance à solutionner durablement ce problème est notoire. Le chemin qui relie Labadie au Cap tient davantage du sentier poussiéreux aux multiples ornières que d’une route acceptable.  Traverser la ville du Cap-Haïtien pour aboutir au Pont-Neuf ou à Barrière-Bouteille n’est pas évident au niveau du coup d’œil, des nid-de-poule et du reste.  Du pont jusqu’à l’aéroport, ce n’est pas plus reluisant. Quant à la quinzaine de kilomètres qui mènent jusqu’à Milot, on rêve avec nostalgie du quart d’heure d’autrefois pour le trajet comparativement à 1h00 au moins maintenant. En ce qui concerne le circuit jusqu’à Vertières, la situation ne change pas tellement, du moins au point de vue de la dégradation de l’environnement urbain et des problèmes démographiques sans oublier la circulation automobile démentielle.




L’aéroport du Cap-Haitien

Depuis de nombreuses années, il est question de doter le Cap-Haïtien d’un aéroport de classe internationale pouvant accueillir des vols gros porteurs. Le projet est resté au niveau nominal alourdi de contrôle douanier même pour les vols intérieurs. On en parle dans les occasions spéciales mais aucune action n’a été à la hauteur de la rhétorique des autorités responsables. Plus que jamais, les besoins sont impératifs et les passagers en provenance de l’étranger qui veulent éviter de passer par Port-au-Prince continuent de transiter par la République Dominicaine et de poursuivre le trajet par autobus vers leurs destinations finales.





Les pertes en terme financier et d’emplois causés à la grande région du Nord sont évidentes. Régler ce problème est une priorité pour le développement économique en même temps que le désengorgement de la Capitale. Somme toute, s’occuper des routes nationales et secondaires ciblées dans un plan de renouveau touristique constitue la base de tout plan sérieux d’une gouvernance équilibrée.





Pour une Labadie ouverte vers l’intérieur

En ce qui concerne Labadie, en particulier, et du Plan de développement touristique en général, tout le monde en parle depuis longtemps et à maintes occasions. Cependant, compte tenu de la variété des personnalités nationales et étrangères de haut niveau embrigadées dans la promotion de la démarche, les résultats sont lents à se matérialiser.


Comme on semble avoir pris des mesures plutôt coercitives pour décourager les touristes, à tort ou à raison, de quitter la réserve dorée de Labadie même pour une simple visite de la ville

du Cap, il est impératif de trouver des solutions pour mettre fin à ce confinement.

 

Pour cela, il faut s’empresser de retenir les décisions annoncées de ne pas contourner la ville du Cap-Haïtien et d’envisager la solution globale des liens organiques entre les différents sites patrimoniaux sur une base d’assainissement et d’enrichissement des circuits. Si on oublie cet aspect, il faut être prêt à manifester énergiquement notre désaccord. Dans la conjoncture dramatique que nous vivons, il ne faut pas jouer à l’angélisme et croire que les loups se sont retirés dans leurs tanières. Nous avons un devoir de vigilance pour éviter d’être bernés une fois de plus. Ce qui doit se faire doit l’être solidement et  convenablement dans un souci prioritaire d’intérêt collectif.

 

Des couloirs protégés en attendant mieux

Le temps a toujours été l’un de nos handicaps majeurs au même titre que le pale anpil. Toutes sortes d’études ont été faites sur la question qui nous préoccupe et toutes sortes de solutions en ont découlé. Nous ne voulons pas entrer dans les détails techniques de faisabilité des choses. Les références ne manquent pas là-dessus. En attendant les grandes manœuvres, on pourrait commencer par établir des couloirs sécurisés entre Labadie et les sites à visiter. Tout cela dans un souci authentique de respect des populations riveraines à engager citoyennement  dans le processus d’amélioration et d’assainissement des lieux. Les gens sont capables de comprendre lorsque les interlocuteurs sont désintéressés et empathiques.


L’urbanisme
Croire à l’impossibilité de solutionner les problèmes d’urbanisme au Cap-Haïtien relève d’un manque de vision ou, à tout le moins, d’une volonté politique défaitiste. Cette ville a un grand avenir et il est plus que temps d’en prendre conscience et d’agir en conséquence. C’est le moment de planifier sa transformation soit en amas de gravats à venir tôt ou tard ou bien en une cité rationnellement débarrassée des ses laideurs plurielles.

 

Nous y avons grandi dans la beauté, le respect et l’honneur et nous n’en sommes pas déracinés sous prétexte que nous vivons à l’étranger. Tout le pays d’Haïti nous est cher. Aujourd’hui, nous parlons du Nord et de son industrie touristique. Nous avons choisi ce thème parmi d’autres parce que nous voulons joindre notre voix du Canada à celles des citoyens de partout qui, comme nous, sont partie prenante dans la mouvance de ce qui peut se faire et de ce qui doit se faire dans notre coin de pays pour le bien de toute la collectivité haïtienne.

 

En guise de conclusion

A partir de la catastrophe du 12 janvier, toute la population haïtienne a le devoir d’inventorier sérieusement son environnement. Désormais, nous savons tous que personne n’est à l’abri du malheur. La maison d’Haïti est fragile pour TOUS. Il est impératif d’en prendre soin dans chaque pièce, dans chaque pilier, dans chaque poteau. La santé économique de chaque section rurale, de chaque commune, de chaque ville, de chaque département est garante du bien-être de chaque citoyen. L’intégrité de chaque élément du patrimoine national nous concerne tous. Même si nous prenons position sur un problème du Nord, nous demeurons conscients qu’il faut mettre fin au régionalisme stérile et encourager le développement de tout le pays. C’est la seule attitude citoyenne à adopter pour le bien commun. Relier Labadie au Cap-Haïtien, à Milot et à la Citadelle avec retour sur Vertières relève d’une évidence élémentaire dans tout projet d’aménagement touristique dans le Nord du Pays. Nous ne le répéterons jamais assez.

 

L’équipe de base du GRLCH :
Claude BÉLIZAIRE
Leroy CÉSAR
Wanex LALANNE
Jean-Baptiste MÉHU
Robert MORIN
Michel NEMOURS
Marc SÉVÈRE
Gérard TASSY